Robert Larin
Résumé
Les nobles de la Nouvelle-France formaient l’une des noblesses de France, c’est-à-dire le deuxième ordre de la société tel qu’il s’était formé de façon particulière dans la colonie. Les nobles restés ou revenus au Canada après la Conquête étaient en possession d’une noblesse française n’ayant aucune reconnaissance légale dans la Province of Quebec et ne pouvant accorder aucune distinction ni aucun droit ou privilège. Ils formaient aussi cette «noblesse canadienne» à laquelle les administrateurs britanniques font allusion et dont l’historiographie a abondamment traité, souvent dans la controverse. Qu’en était-il de cette nouvelle noblesse dite canadienne que la société post-conquête semble avoir accordée à certaines personnes ou familles que leur honorabilité ou la réputation d’être noble rendaient digne de recevoir? Les archives du Régime britannique confirment l’existence de cette noblesse en n’indiquant souvent que le nombre de familles qui en faisaient partie. Leur analyse et celle des actes d’état civil permet d’identifier ces familles et de dégager dans la seconde partie du 18e siècle l’image d’une noblesse sociale modelée sur la gentry britannique. Procédant de l’ancienne noblesse française, cette aristocratie permettait à ceux qui possédaient la noblesse française et portaient le titre d’écuyer de manifester ainsi leur allégeance à la Couronne, aux institutions et à la culture britanniques. Cela obligeait les autorités coloniales à les reconnaitre comme des gentlemen et facilitait leur insertion dans l’élite nouvelle qui prenait alors place dans le domaine politique, la fonction publique, l’administration de la justice, le commerce, l’économie, etc.